La méthode à mettre en œuvre est « relativement simple » et se base sur une information actuellement assez largement diffusée : faire de la production (et de la transformation) en bio local augmente nécessairement le prix des produits, et ce pour diverses raisons, dont notamment :
- Diminution des rendements agricoles[1], car moins d’engrais et de pesticides, et d’antibiotiques dans l’élevage
- Souvent moins de mécanisation de la production et donc plus de main d’œuvre
- La certification des agriculteurs bio se fait à leurs frais (en France), il en est de même pour certification en bio de tous les autres acteurs de la chaine (transformateurs, distributeurs, détaillants), et pas seulement en France. Par exemple pour la viande, « le prix au consommateur contientle coût de 4 certifications : celle payée par le producteur, cellepayée pour l'abattage, celle payée par le boucher et celle payée par le magasin »[2].
- Gérer une fermer en bio est plus complexe qu’une ferme conventionnelle. Cela requiert bien plus de compétences techniques (et de travail). Les risques de pertes sont plus importants aussi, particulièrement pendant les périodes de conversion vers le bio. Il faut financer ces pertes tôt ou tard.
- Les animaux biologiques ont des habitats plus grands et ont plus d’espace pour exprimer leurs comportements naturels.
- Il faut des circuits de distribution/transformation à part pour le bio, qui ne peut pas être mélangé avec le non bio. Ils sont souvent de plus petite échelle, et donc plus coûteux.
- Les producteurs et transformateurs en bio local, doivent quand même disposer d’un pouvoir d’achat qui leur permet de vivre selon les conditions économiques des pays occidentaux, même si c’est parfois juste de la survie. Bref, puisqu’ils sont locaux, ils ne sont pas en capacité de vivre avec les revenus d’un producteur birman ou ukrainien, par exemple.
- Le bio produit peu d’externalités, à savoir des dommages à l’environnement et à la société. Le coût de ces externalités n’est pas inclus dans le prix des produits conventionnels, même locaux, ce qui les rend d’autant moins cher, même si en fin de compte les externalités seront payées par l’ensemble de la communauté et par les générations futures.
- Certains producteurs bio optent résolument pour des fermes en polyculture-élevage, pour soutenir au maximum le vivant et le durable, ce qui est à l'antipode de la monoculture. Les fermes en polyculture-élevage requièrent un surcroît de main d'oeuvre ; elles reposent généralement sur une équipe de travailleur.
Maintenant qu’il est clairement établi (ou rappelé) que les produits bio et locaux doivent forcément coûter plus chers que les produits locaux non bio, ou que les produits bio non locaux (ces derniers pouvant être produits ou transformés par des « travailleurs-esclaves » ailleurs que sous nos latitudes, ils reviennent en effet moins chers), nous disposons tous et toutes en tant que citoyen(ne)s, de plusieurs moyens puissants pour contribuer à faire disparaître tous les producteurs bio et locaux dans un délai relativement court.
Voici quelques exemples de méthodes qui permettent d’atteindre ce but avec une efficacité certaine :
- Décidez de faire vos courses systématiquement uniquement dans les grandes surfaces. C’est la méthode de loin la plus efficace :
- Vous y achèterez des produits conventionnels. Qu’ils soient locaux ou non, ceci provoquera la baisse du chiffre d’affaires des producteurs et transformateurs bio. Vous faites ainsi d’une pierre deux coups : vous contribuerez à la disparition des producteurs locaux et bio ; vous disposerez de plus d’argent pour faire d’autres achats.
- Si vous y achetez des produits bio, peu ou prou, vous aurez la garantie que la plupart de ceux-ci ne proviennent pas du niveau local. En effet, pour ce qui est des produits locaux, les grandes surfaces misent essentiellement dans la pratique sur les produits locaux non bio. Vous pourrez dès lors d’autant plus espérer assécher les producteurs bio et locaux en achetant vos produits bio exclusivement en grandes surfaces. La grande distribution sera d’autant plus votre alliée, qu’elle fait actuellement forte pression pour faire baisser le prix des producteurs bio et locaux[3]. En outre, la grande distribution peut aller jusqu’à doubler ses marges sur les fruits et légumes bio[4] ce qui les rend d’autant moins accessibles et pousse une partie de la population à se tourner vers les produits conventionnels (méthode (a), ci-dessus). Pour compenser les marges exorbitantes que la grande distribution prend sur les produits bio (que vous consommez aussi) et contribuer de ce fait à l’augmentation de votre pouvoir d’achat malgré cet inconvénient, pourquoi pas devenir actionnaire au sein d’une ou plusieurs sociétés de grande distribution pratiquant ces méthodes ? Leurs bénéfices en sont gonflés et vous pourrez prendre votre part.
- Si vous avez néanmoins pour habitude de faire certaines courses alimentaires dans des magasins spécialisés, par exemple bio, de vrac, végane, coopératifs-citoyens, etc. nous ne pouvons que vous conseiller d’éviter autant que possible de porter votre regard sur la provenance géographique de vos aliments, ou alors, de jeter votre dévolu le plus systématiquement possible sur des aliments produits hors saison (locale) ainsi que sur les aliments dont le prix vous semble anormalement bas. Ici aussi, vous pourrez contribuer à mettre les producteurs bio et locaux, genoux à terre.
Vous n’aurez pas vous justifier, d’un point de vue moral, au sujet de vos actes d’achat… quoiqu’en réalité vous pourriez le faire, car de tels actes sont dans un certain sens l’expression d’une « moralité supérieure », car fondée sur la véritable connaissance, scientifique, elle : cherchez par exemple à l’aide d’un moteur de recherche les « raisons de ne pas consommer bio », et vous apprendrez, si ce n’est pas déjà fait, en quoi vous contribuez de manière plutôt positive au devenir de l’humanité en vous abstenant de consommer des produits bio.
Il ne sera par contre pas du tout utile de chercher qui sont les financeurs de ces informations publiées sur le web, ou à défaut de financement spécifique, quels sont les cercles et réseaux dont font partie leurs auteurs (qui ont bien sûr le droit de concevoir les choses à leur manière).
Ce sont les personnes qui diffusent des informations portant sur les difficultés sociales et économiques des producteurs bio et locaux ainsi que sur des soi-disant enjeux environnementaux liés qui sont immorales, car elles vous culpabilisent sur base d’arguments fallacieux.
D’ailleurs, vous ne portez de toute évidence aucune responsabilité délétère à votre niveau individuel.
Votre responsabilité c’est avant tout de veiller au bien des vôtres (vous achèterez systématiquement au moindre prix) et aussi à celui de votre pays, voire de toute l’humanité : la science montre qu'il n'est pas acceptable que le bio puisse encore se développer davantage à l’avenir, car avec le bio il est démontré scientifiquement que quasi toute l’humanité est condamnée à mourir de faim.
Le bio local est en quelques sortes encore plus intolérable, car avec le bio local et sur base du même raisonnement rigoureux, il est clair que c’est l'existence même de votre propre patrie qui est ainsi menacée (sans compter aussi les dommages économiques qu’elle subira inévitablement).
Enfin, permettre le développement du bio local, ne serait-ce pas ouvrir la porte aux fascistes les plus extrémistes qui ont l’intention ferme d’installer un système totalitaire? L’humanité n’a-t-elle jamais connu plus grand danger?
Est-ce que l’auteur.trice du présent article partage vraiment les idées qui y sont exprimées ?
À vous de le deviner…
Estimez-vous que les propos tenus ci-dessus soient particulièrement cyniques ?
Si vous pensez réellement qu’ils sont cyniques… mais que vous, vous vous comportez ainsi que décrit ci-dessus, comment qualifieriez-vous alors vos comportements ?
[1] En moyenne 75% des rendements de l’agriculture classique pour la même superficie
[2] a href="https://www.ceinturealimentaire.be/post/une-agricultrice-nous-écrit-voici-ce-qu-elle-identifie-comme-problèmes-au-dispositif-bio" " ">"ttps://www.ceinturealimentaire.be/post/une-agricultrice-nous-écrit-voici-ce-qu-elle-identifie-comme-problèmes-au-dispositif-bio
[3] Voir en fin de cet article, le témoignage d’une agricultrice : « Carrefour nous a demandé de baisser le prix de nos carottes bio de 20 % » : https://lwybdoxkji.joplinusercontent.com/shares/SgLPcmRK0aR3ugYNzNCDaklCOD3kNX2T
[4] Voir par exemple ici : https://www.novethic.fr/actualite/social/consommation/isr-rse/la-grande-distribution-double-ses-marges-sur-les-fruits-et-legumes-bio-144765.html ou encore ici : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-la-grande-distribution-qui-se-gavait-deja-beaucoup-sur-les-fruits-et-legumes-se-gave-encore-plus-sur-le-bio_4787463.html